Quand vous arrivez à Lormes, de loin, c'est d'abord l'église que vous voyez.
Qui a eu l'idée de construire une si grande église
dans une si petite ville ? Il y a un peu plus d'un siècle
c'était une petite église qui dominait
la ville. Corot
l'a joliment peinte. Elle était trapue, sans doute pas
très jolie, mais elle avait le charme des églises de campagne.
Les Lormois se sont alors sans doute dit (ils voient quelquefois grand !)
qu'il leur fallait une belle église, une grande église et que
dans la région une église ne pouvait être que romane !
En 1865, ils ont alors construit une vaste église qui veut se donner
des airs de cathédrale et qui est dédiée à Saint
Alban. Elle est dans le style néo-roman du 19ème
siècle. Construite en pierres de Chevroches, elle mesure 60 m
de long (soit deux mètres de moins que la nef de Vézelay !),
la voûte en plein-cintre étant à 12 m du sol.
|
L'intérieur
très sobre est, par endroits, fortement dégradé
par l'humidité. Le
maître-autel
en bois sculpté est constitué des panneaux
de la chaire, démontée après la réforme
liturgique qui a suivi le concile Vatican II.
Le pied, placé dans une des chapelles de l'abside,
est utilisé comme support du tabernacle.
Une inscription en néerlandais sur un des bancs rappelle les origines
d'un ancien curé qui les avait fait venir de son pays. Le Chemin de
Croix, constitué de tableaux d'un style très "sulpicien", a
été restauré par Jean Deroubaix, belge et peintre local
(!). Deux grands tableaux décorent le transept : au nord une Vierge
à l'Enfant aux donateurs d'après Van Dyck (copie offerte
par le Gouvernement en 1873) et au sud un Christ en Croix d'après
un tableau de Prud'hon pour la cathédrale de Metz. "Saint Jacques
de Compostelle bénissant saint Alban", un étrange tableau
moderne, se cache dans une des chapelles de l'abside. Les vitraux de Lobin,
maître verrier à Tours, représentent généralement
les Saints-Patrons de leurs donateurs. Les jolis chapiteaux, essentiellement
figuratifs, sont l'uvre du sculpteur Guillaumet.
Assez surprenant, sur l'esplanade devant l'église, un
canon
en fonte
est là depuis la révolution de 1830. Une pièce d'artillerie
identique se trouvait sur les Promenades devant la chapelle de l'hôpital,
elle explosa un beau jour de juillet 1912. Comme dans la plupart des villages
du Morvan, le cimetière est au pied de l'église. Les morts y
jouissent d'une vue magnifique... que leurs proches ne se lassent pas d'admirer
lorsqu'ils viennent se recueillir sur leurs tombes.
Les Lormois sont des gens pratiques, après une rude montée,
vous êtes arrivé à l'église à 455 m d'altitude
par la Rue du Panorama. Au bout de la rue vous pouvez, en effet, admirer
un des plus beaux panoramas du Morvan selon les spécialistes :
à l'ouest, s'il fait beau, votre regard porte jusqu'à Corbigny,
au-delà du clocher de Cervon.
Au sud-est vous découvrez la ville.
En contre bas, datant de 1832, voici les "Promenades". Le "poilu"
du monument aux morts a changé leur nom en Cours du 11 Novembre.
Inaugurée en 1923 la statue, uvre du sculpteur Charles-Henri
Pourquet, est posée sur un bloc de granit provenant de Dun
les Places. Orientées nord-sud, leurs magnifiques tilleuls abritaient
parfois la
foire
aux bestiaux.
Le lundi de Pentecôte s'y tenait la célèbre "Louée
de Lormes" qui permettait aux journaliers de proposer leurs services.
On reconnaissait les bergers au flocon de laine à leur chapeau, les
moissonneurs à un épi de blé à la bouche et les
charretiers à leur fouet autour du cou. Cette foire est l'origine de
la fête foraine qui s'y tient encore à la Pentecôte. A
proximité, la Place des Dames de Lormes rappelle l'épisode
héroïque au cours duquel, en 1591, les Lormoises tinrent tête
à l'envahisseur à l'aide de tout ce qui leur tombait sous la
main. A l'extrêmité sud, inauguré en 1976 par François
Mitterrand, le buste austère d'Henri
Bachelin rappelle que l'écrivain a vécu dans une maison
voisine.
A l'autre extrémité des Promenades, l'Hôpital-local.
Hôpital-rural de 1963 à 1970, il a perdu, pour d'obscures
raisons administratives, le nom précédent d'Hôpital-hospice
qui, depuis la fermeture de la maternité, correspond pourtant mieux
à sa fonction d'EHPAD. De nombreux aménagements ont grandement
amélioré le confort de ses hôtes âgés, une
modernisation et un agrandissement ont été réalisés.
Bien intégrés dans le paysage, ces nouveaux locaux ultramodernes,
qui ont été inaugurés en novembre 2004, ont curieusement
été nommés "Les Cygnes". A l'intérieur
du premier bâtiment, qui héberge une maison de santé,
une plaque apposée par les anciens Résistants
du Maquis Camille rappelle le souvenir de Madame Lantier, directrice,
et du Docteur Citron qui exerça de nombreuses années
dans ses murs ; ils y cachaient, en effet, des Résistants pendant
la dernière guerre. La magnifique barbe du médecin était
connue dans tout Lormes, on raconte qu'il la coupa lors du décès
de son barbier. Intégrée dans l'hôpital, sombre et n'ayant
sans doute pas vu de pinceau depuis sa construction en 1842,
une
chapelle
sert de lieu de repli pour les cérémonies lorsque la température
ou les intempéries rendent difficile l'accès à l'église.