La Résistance dans le Morvan

        

Le 1er sep­tem­bre 1939, avec l'in­va­sion de la Po­lo­gne par l'ar­mée al­le­man­de, dé­bu­te la Se­con­de Guer­re Mon­di­ale. En mai 1940 les Pays Bas, la Bel­gi­que et le Lu­xem­bourg sont en­va­his, le 14 juin les Allemands sont à Paris, ils arrivent aussi dans le Morvan. L'armistice est signé le 22, la France est coupée en deux. La "ligne de démarcation", frontière intérieure étanche qui sépare le nord et l'ouest du pays occupé du sud dit libre ("zone non occupée", surnommée "zone nono"), passe au sud du Morvan.

Région de collines boisées isolée des grands axes de communication (ni grande route, ni voie ferrée importante), fermes isolées, cachettes nombreuses, le Morvan offre tout ce qu'il faut à ceux qui cherchent à fuir l'occupation allemande (communistes, juifs, et surtout réfractaires au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire en Allemagne). La situation géographique (à quelques kilomètres de la ligne de démarcation) et administrative (le Morvan est à cheval sur quatre départements) favorise encore plus les activités de résistance encouragées, sans aucun doute, par une population rude, courageuse, et à l'esprit souvent frondeur. L'armée allemande, bien consciente de cette situation, n'installe d'ailleurs pas de poste militaire permanent (Kommandantur) dans le Morvan même, à l'exception de Château-Chinon occupée par des Ukrainiens sous uniforme allemand.


Ce con­tex­te, ag­gra­vé par des ré­qui­si­tions de plus en plus nom­breu­ses, for­me un creu­set dans le­quel les mou­ve­ments de Ré­sis­tan­ce se dé­ve­lop­pent ra­pi­de­ment et fa­ci­le­ment. Regroupés en Maquis, c'est à dire en petits groupes autonomes avec à leur tête un chef dont on ne connaît à l'extérieur que le surnom ( Camille - Paul Bernard - ou Julien - Pierre Henneguier - dans les environs de Lormes, Bernard - Louis Aubin - à Ouroux, Mariaux - Fernand Vessereau - à Crux-la-Ville, Socrate - Georges Leyton - près d'Autun), les Résistants déstabilisent l'ennemi : ce sont les F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) à ne pas confondre avec les F.F.L. (Forces Françaises Libres). En liaison radio avec la France Libre à Londres, ils participent à des attaques visant la destruction des voies de communications, des lignes téléphoniques et électriques, des outils de production. Au milieu des résistants des chefs se lèvent comme Jean Longhi (dit Grandjean) qui coordonne l'ensemble des Maquis de la Nièvre. Ils stimulent les énergies et dirigent les actions au risque de leur vie. Dès le 22 novembre 1942, les maquis du Morvan reçoivent leur premier parachutage d'armes et de matériel dans la Forêt au Duc entre Quarré-les-Tombes et Dun-les-Places au nord de Lormes. Le colonel Roche (dit Moreau) est chargé d'organiser les divers groupes armés et s'installe entre Ouroux et Montsauche.

Les représailles sont nombreuses. Les Allemands pensent ainsi pouvoir provoquer une rupture définitive entre les Maquisards et la population, c'est le contraire qui se produit. Dans ce but, le village de Dun-les-Places, à quelques kilomètres de Lormes, est choisi par l'Etat-Major allemand comme village-type destiné à la formation et l'entraînement des élèves-officiers à la lutte contre les maquis. Les Nazis veulent leur inculquer le concept de la terreur exercée sur la population civile qui aide la Résistance.

Lors du dé­bar­que­ment al­lié en Nor­man­die (6 juin 1944) le Mor­van com­pte une tren­taine de ma­quis dont les ef­fec­tifs to­taux ap­pro­chent les dix mil­le hom­mes au mo­ment de la Li­bé­ra­tion. En août 1944, l'armée allemande prend conscience de la nécessité de replier ses troupes du sud-ouest de la France en passant par le Morvan, en raison de la pression de l'armée de Patton (au nord) et d'un débarquement probable des alliés en Méditerranée. C'est pourquoi les troupes d'occupation tentent de faire sauter le verrou que constituent trois importants maquis de la région de Saint Saulge (Julien, Daniel et Mariaux). C'est la bataille de Crux-la-Ville (du 12 au 16 août) où 1500 Allemands appuyés par de l'artillerie et de l'aviation ne réussissent pas à réduire 800 maquisards encerclés. Ces derniers, aidés par les F.F.I. du Morvan et les F.T.P. (Francs Tireurs et Partisans) du Val de Loire, décrochent après avoir fait subir des pertes sévères à l'assaillant.

Huit hommes fusillés à Lormes le 12 juin 1944, vingt-sept quelques jours plus tard à Dun-les-Places, les villages de Montsauche et Planchez incendiés : le Morvan a payé un lourd tribut à sa libération. Mais sa fierté est, sans doute, de s'être libéré seul dans le courant du mois d'août, le général américain Patton ayant même demandé aux Maquis du Morvan d'assurer la protection du flanc sud de ses armées.

A la Libération des monuments sont érigés, des plaques commémoratives et des lieux de mémoire, comme le très émouvant cimetière franco-britannique du Maquis Bernard ou le cimetière de Dun les Places, rappellent à jamais cette terrible et glorieuse époque. Un des plus beaux hommages qui puisse être rendu à la Résistance est, pour moi, la modeste plaque apposée sur la mairie de Lormes : "Et s'il était à refaire, je referais ce chemin (Aragon)".

Le Maquis Camille


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