La galvache

L'origine du mot galvacher est controversée. Pour certains il viendrait de l'espagnol "galvacho" désignant des personnes mal habillées, pour d'autres il serait la contraction de "gaulois-vacher", c'est-à-dire "bouvier gaulois", enfin il pourrait avoir pour origine un terme moqueur du Berry signifiant "traineur de chemin". La galvache est née au XIXème siècle de la nécessité (comme pour les nourrices) de trouver des revenus complémentaires en dehors du Morvan dans des régions plus riches où la main-d'œuvre était recherchée et donc bien payée.

Les galvachers étaient des paysans qui quittaient le Morvan avec leurs bœufs et leur chariot pour effectuer des transports de toute nature. Le terme officiel de "charretier" conviendrait d'ailleurs mieux. Il s'agissait d'une migration temporaire du 1er mai à la Saint Martin correspondant, malheureusement, à une période d'importante activité agricole dans le Morvan même. La famille, femme et enfants, devait donc s'occuper de la ferme et des bêtes. Les galvachers étaient généralement originaires du haut-Morvan et plus précisément du village d'Anost, à l'est de Château-Chinon où est, aujourd'hui, installé un musée des Galvachers mais aussi des environs d'Avallon.


Le départ comme le retour était l'occasion de fêtes dans les villages. La Chanson des Galvachers est d'ailleurs considérée par certains comme le véritable hymne du Morvan. Le galvacher attachait ses bœufs à la çarotte, petite charrette courte à deux roues très maniable. Les bœufs étaient, à l'origine, des barrés à l'échine rayée de blanc et aux cornes pointues, vestiges de l'ancienne race rouge morvandelle aujourd'hui totalement disparue. Au fil du temps la çarotte fut remplacée par le chariot à quatre roues et timon orientable permettant de transporter plus de marchandise et les barrés par les charolais. Il allait se louer le plus souvent en Picardie. Pour les Morvandiaux, la Picardie commençait au nord d'Avallon et incluait la Brie, la Beauce et les plaines du nord de la France, voire la Belgique ! Cette appellation non contrôlée découlait de la présence régulière dans le Morvan de marchands picard venus acheter les bœufs à l'automne.

Après avoir par­cou­ru plu­sieurs cen­tai­nes de ki­lo­mè­tres, au rythme lent de son at­te­lage (une ving­taine de ki­lo­mè­tres par jour), le ga­lva­cher at­tei­gnait le lieu où il se­rait sûr de trou­ver du tra­vail. A l'arrivée, il cherchait un pré à louer pour mettre paître ses deux compagnons et un lieu pour dormir, souvent la grange de son employeur. Il s'agissait alors de transporter d'imposantes grumes de bois, mais aussi des pierres, du blé et autres marchandises lourdes. Avec ses bœufs puissants il pouvait, aussi, effectuer des débardages en terrains difficiles sur lesquels les chevaux restaient le plus souvent inefficaces. De retour au pays avant l'hiver, il mettait généralement en vente ses bœufs à la foire annuelle d'Anost le 1er décembre où ils étaient alors achetés soit par des emboucheurs du Bazois, soit par des entrepreneurs picards.

Comme les nourrices "sur lieu", la galvache pouvait rapporter gros et permettre d'aménager la maison. Avec l'arrivée des tracteurs dans le Morvan, cette activité cessa peu après la seconde guerre mondiale.

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