Saint Honoré les Bains

Si­tuée à la poin­te sud du mas­sif du Mor­van, la pe­ti­te com­mune de Saint Ho­no­ré les Bains, qui ne comp­ta­bi­lise que 843 ha­bi­tants, s'en­or­gueil­lit d'être la seu­le sta­tion ther­male mor­van­del­le. C'est cinquante ans avant Jésus-Christ que les légions romaines de Jules César découvrirent des sources chaudes dans la région alors habitée par des tribus éduennes. Des thermes furent édifiés et le lieu prit le nom de Aquæ Nisinæï. Ceux-ci fonctionnèrent jusqu'à leur destruction par les Vandales au cinquième siècle.

En 1106 les bénédictins de la Charité sur Loire élevèrent un prieuré dédié à Saint Honoré et s'efforcèrent de lutter contre les superstitions attachées aux sources en enfouissant les dernières traces des édifices romains.

C'est en 1789 qu'un mé­de­cin lor­mois, le doc­teur Re­gnault, dé­cou­vrait les ver­tus thé­ra­peu­ti­ques de l'eau de Saint Ho­no­ré. Une première tentative d'exploitation au début du XIXème siècle fut un échec mais, en 1855, après la découverte de vestiges romains, le marquis d'Espeuilles fit édifier les bâtiments de l'établissement thermal qui existent encore aujourd'hui. C'est l'architecte Andoche Parthiot qui fut chargé de leur construction suivie, en 1898, de celle du majestueux pavillon d'accueil recouvert d'un dôme en ardoises, œuvre d'Honoré Pons. En 1860 les sources étaient déclarées d'utilité publique. Dans la foulée de grands hôtels, un golf, un casino et même une chapelle furent édifiés. De luxueuses demeures étaient construites par de riches résidents comme les Pavillons Rose et Blanc du duc d'Aumale. Les célébrités de l'époque venaient régulièrement "prendre les eaux" : la reine Isabelle d'Espagne exilée en France, le compositeur Claude Debussy ou le peintre Pierre Bonnard.

In­ter­rom­pues par la guer­re les ac­ti­vi­tés ther­ma­les re­pri­rent en 1950 pour soi­gner les af­fec­tions res­pi­ra­toi­res et rhu­ma­tis­males grâ­ce à l'uti­li­sa­tion, sous di­ver­ses for­mes, d'eaux riches en soufre, bicarbonates, silice et arsenic. Le jazzman Sydney Bechet fréquenta la station, le cinéaste Louis Malle y tourna son sulfureux Souffle au cœur. Malheureusement la clientèle actuelle de la station, affiliée à la Chaîne thermale du soleil, n'a plus les moyens financiers des riches curistes du XIXème siècle et Saint Honoré les Bains ressemble de plus en plus à une belle endormie. Les somptueuses demeures, comme l'Hôtel du Parc, se vident et se vendent ou s'écroulent. La fête des fleurs a lieu tous les ans le dimanche qui suit le 15 août, le Musée de la Résistance tente d'attirer les touristes de passage, mais la ville a, sans doute à tout jamais, perdu son lustre d'antan.


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